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Photo du rédacteurIsabelle Lefebvre

Article #5 - Série Harcèlement au travail

Harcèlement au travail : Témoignage de Sophie*, victime de harcèlement


*Le nom de la victime a été modifié pour protéger sa confidentialité.


Le harcèlement au travail est une réalité souvent invisible et difficile à dénoncer. Aujourd’hui, Sophie* partage avec nous son expérience de harcèlement psychologique dans son milieu de travail, nous offrant un aperçu des défis rencontrés par les victimes et de l’importance de se sentir soutenue tout au long de ce processus éprouvant.


Témoignage de Sophie*


Q : Sophie, peux-tu nous expliquer ce que tu as vécu en milieu de travail ?


Sophie : Bien sûr. J’ai travaillé pendant près de cinq ans dans une PME où, au début, tout se passait bien. L’arrivée d’un nouveau gestionnaire a tout changé. Il a commencé par des commentaires subtils sur mon travail, des petites remarques ici et là, qui se sont vite transformées en critiques publiques devant mes collègues. Il utilisait son autorité pour me faire sentir incompétente, et tout était si bien orchestré que j’avais l’impression d’être dans l’erreur sans jamais pouvoir en apporter la preuve. Ce que je vivais était insidieux et il m’a fallu du temps pour comprendre que c’était du harcèlement psychologique. Sur le plan émotionnel, je me sentais constamment stressée et ma confiance en moi s’effritait chaque jour un peu plus. Mon bien-être en prenait un coup et mes performances professionnelles en ont souffert.


Q : Quelles ont été tes premières démarches lorsque tu t’es rendu compte de la situation ?


Sophie : J’ai d’abord eu très peur. Peur de perdre mon emploi, peur de ne pas être crue, et peur des représailles. Au début, je ne savais même pas à qui en parler. Après plusieurs mois, j’ai pris mon courage à deux mains et j’en ai parlé à un collègue de confiance. Cette conversation a été un vrai déclic. Il m’a soutenue, m’a rassurée en me disant que je n’étais pas folle et m’a encouragée à chercher de l’aide extérieure. Grâce à ses conseils, j’ai pu entamer des démarches concrètes. Ce soutien m’a donné la force de commencer à documenter chaque incident.


Les étapes franchies par Sophie* pour documenter et dénoncer le harcèlement


Q : Après avoir parlé à ton collègue, comment as-tu procédé pour documenter la situation ?


Sophie : J’ai commencé à garder un journal détaillé. À chaque incident, je notais la date, l’heure, les propos exacts et les personnes présentes. J’ai aussi pris des captures d’écran de courriels et de messages qui appuyaient mes dires. C’était un travail fastidieux, mais cela m’a permis de structurer mes pensées et de me rappeler que ce que je vivais n’était pas normal. Avoir ce dossier complet m’a donné la confiance pour poursuivre mes démarches.


Q : Quelles démarches as-tu entreprises pour résoudre la situation après avoir documenté les incidents ?


Sophie : Avec mes notes en main, j’ai tenté d’abord de discuter avec les ressources humaines, mais cela n’a mené à rien. Mon gestionnaire avait de l’influence, ce qui compliquait la situation. J’ai ensuite contacté le Bureau du respect de la personne de mon entreprise mais, malheureusement, malgré les promesses de confidentialité et d’action, il n’y a eu aucun suivi concret. Face à cette inaction, j’ai pris la décision de déposer une plainte formelle auprès de la CNESST. Le processus a été long et éprouvant, mais voir ma demande acceptée a été un énorme soulagement. C’était la validation dont j’avais besoin pour me dire que je n’avais rien imaginé. La CNESST m’a offert la reconnaissance que ce que je vivais était bien réel et inacceptable.


Surmonter l’épreuve et se reconstruire


Q : Comment te sens-tu aujourd’hui après avoir traversé tout cela ?


Sophie : Ça reste une épreuve difficile, mais je me sens plus forte d’avoir pris action. Avec le temps, j’ai pu reconstruire ma confiance en moi, notamment grâce au soutien de personnes de confiance et aux ressources que j’ai trouvées. J’ai aussi pris la décision de consulter un thérapeute, ce qui m’a aidée à gérer l’impact émotionnel du harcèlement. Je crois vraiment que le soutien émotionnel est aussi important que les démarches juridiques. Si j’avais un conseil à donner, ce serait de ne pas hésiter à parler de ce qu’on vit et de demander de l’aide. Ne restez jamais seul.e dans cette situation.


Conseils de Sophie* pour les autres victimes de harcèlement


À travers son expérience, Sophie a appris plusieurs leçons qu’elle souhaite partager avec les autres victimes :

1. Ne restez pas seul.e : Parlez-en à quelqu’un en qui vous avez confiance, ça fait vraiment du bien et aide à y voir plus clair.


2. Notez tout : Gardez une trace des incidents, ça peut faire toute la différence si vous devez aller plus loin.


3. Cherchez du soutien : Si l’aide au boulot ne suffit pas, tournez-vous vers des organismes comme la CNESST ou des groupes d’entraide.


4. Prenez soin de vous : Pensez à des ressources comme des groupes de soutien ou une thérapie pour vous aider à traverser tout ça.

5. Gardez espoir : Ce n’est pas facile, mais avec le bon soutien, vous pouvez retrouver confiance et sécurité.


Conclusion


Le témoignage de Sophie* illustre combien il est essentiel pour les victimes de harcèlement au travail de ne pas rester seules face à cette épreuve. Son parcours, marqué par des démarches personnelles et professionnelles exigeantes, montre que le soutien d’un collègue, la documentation minutieuse, et l’appui de ressources externes comme la CNESST peuvent non seulement valider leur vécu mais aussi les aider à retrouver confiance en elles. Sophie rappelle l’importance de combiner les démarches juridiques avec un accompagnement émotionnel, qui permet aux victimes de se reconstruire progressivement.


À travers ses conseils, Sophie souhaite encourager d’autres victimes à ne pas hésiter à parler, à chercher de l’aide et à persévérer dans leurs démarches. Le chemin peut être difficile, mais en s’entourant de personnes de confiance et de ressources adaptées, il est possible de surmonter cette épreuve et de reprendre le contrôle de sa vie professionnelle. Avec des organismes de soutien et des collègues bienveillants, chaque victime peut trouver la force d’avancer vers un environnement de travail plus sécuritaire et respectueux.


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